Alain Bosquet. "Poèmes, un"

Publié le 13 Février 2015

Dans son recueil intitulé "Premier testament"

Je dis non à l'été, je proteste, je grince.

Je dis non à la plaine et j'arrache ses fleurs.

Je n'ai pas de pays, je ne veux pas de prince.

Je lave l'arc-en-ciel de toutes ses couleurs.

Je dis non à l'aurore et j'enlève son masque.

Je dis non au soleil, je lui jette un pavé.

Ma nuit est sans vertèbre, et mon jour est si flasque!

Le jour qui m'appartient ne veut pas se lever.

Je dis non à la mer, je dis non au voyage.

Ma chambre est dans l'écume, et ma vie dans le sel.

Je dis non à mon corps, je joue un personnage

Sans amour ni douleur : qui me dira lequel?

Je dis non à l'hiver, je dis non au solstice.

Je veux que l'avenir soit déjà le passé.

Du fond de mes chaos, j'appelle mes complices

Pour remettre à l'endroit mon siècle inversé.

Je dis non à la loir, je dis non aux frontières

Que je franchis en criminel, sans passeport.

Qui me dira si cette étape est la dernière?

Passager clandestin ai-je droit à ma mort?

Je dis non au pommier, je n'en veux que l'écorce,

Je dis non à ma terre, un caillou me suffit.

Pour un être oublieux de sa forme et sa force,

Le seul air respirable est un air de défi.

Je dis non à mon nom, je suis celui qu'on nomme

"Le chèvrefeuille" ou "le moustique" au gré des vents.

Je dis non à mon verbe, et je reste cet homme

Pareil à du coton qui s'achète et se vend.

J'ai dit oui à l'amour; je n'ai pu le comprendre.

J'ai dit oui à la transe; elle fut mon effroi.

J'ai dit oui au poème; il n'en reste que cendre.

je ne dirai plus rien, tout se fera sans moi.

Rédigé par olympia

Publié dans #Poèmes

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